Après avoir recherché pendant des mois la trace des Poilus de Valence, les élèves de seconde de l’enseignement d’exploration « littérature et société » ont parcouru les chemins et les tranchées de l’Aisne, de la Somme, de la Marne et de la Meuse pour retrouvé les pas de ces membres de la communauté française de Valence morts au front. Vous suivrez dans cette gazette leurs témoignages et une partie de leur parcours.

16 km à pied, ça use!

La journée commença durement. Lever non pas en fanfare mais en tapotements à toutes nos portes par Monsieur C au 1er étage et Mme M au second. Il était 6H45. Une heure plus tard, nous étions dans le bus. Petit problème logistique. Nos paniers étaient restés à l’auberge, tant nous étions pressés de marcher sur les traces des poilus dans l’Argonne (Mme M. pensait que M.C, qui pensait lui que Mme J., qui pensait que M.E, etc.). Nous étions très excitées à l’idée de commencer notre parcours. Nous n’avons pas été déçus : les paysages étaient fascinants et impressionnants. les champs étaient pleins de couleurs et de vivacité alors qu’il y a cent ans, ils respiraient la mort, le sang et la solitude. C’était difficile de pouvoir imaginer que la Grande Guerre avait pu avoir lieu ici. 16 km nous attendaient, avec comme objectifs de découvrir le paysage des tranchées. Personne n’aurait pu imaginer notre douleur de pieds à l’arrivée de cette marche. Au début, nous étions un peu perdus, mais heureusement Thélio, GPS en main, nous guidait dans les dédales des trous d’obus. Nous avons cheminé par les tranchées, en nous mettant dans la peau des poilus, essayant d’imaginer le paysage que contemplaient les poilus engagés dans les combats.

Il s’agit bien d’imaginer, car 100 ans après, la nature a repris ses droits et les arbres masquent désormais les aspérités du paysage. Nous avons visité une nécropole allemande et Monsieur E. a raconté à partir d’un exemple d’un trou d’obus la disparition d’un de nos soldats, mort sous les éclats d’un de ces obus. Un des moments forts de cette balade est que nous avons dû descendre une super-pente : des élèves comme A.R et C.S. sont tombées, mais plus de peur que de mal bien sûr. Tout le monde va bien. Aucun blessé!!! Jusqu’à présent! L’objectif était ensuite d’atteindre un lac pour notre repas. Qu’il fut long à atteindre! Nos jambes ne répondaient plus, mais tout espoir n’était pas encore perdu. Le repas fut agréable au bord de l’eau, et la marche plus légère pour revenir finalement vers le bus. Il était 14H25. C.L. et M.L pour qui cette marche restera à jamais gravée dans leur mémoire.

Tombe NArcisse BRAQUEHAIS gros plan

Sur les traces d’Octave RICHY à la Main de MASSIGES

S.B. : Qu’est-ce que la Main de Massiges ?

R.D. : C’est un terrain acheté par une association qui a pour but de reconstituer une tranchée de la 1ère guerre mondiale.

S.B. : Vous avez pu la visiter?

R.D. : Oui. Monsieur Marchal, président de l’Association nous a invités à y accéder pour la visiter. J’étais très impressionnée par la manière dont ils ont réussi à recréer les tranchées. Ils ont même utilisé des objets de l’époque pour rendre le lieu plus réaliste

S.B. : Quels objets?

R.D : Avec l’autorisation de la préfecture, ils ont pu creuser et récupérer des objets comme des gourdes, des casques de soldats allemands et français, des montres et même des fusils.

S.B. : Et des cadavres?

R.D. : Oui, ils en ont retrouvé 9 au total. 6 français et 3 allemands. Et le dernier, il y a 10 jours, était un soldat allemand.

S.B. Impressionnant!

R.D. : Monsieur Marchal nous a raconté que pendant la guerre, les soldats n’avaient pas le temps de s’occuper de leurs morts. D’ailleurs, ils n’avaient pas le temps de s’occuper des blessés. Donc ils faisaient des tombes temporaires pour pouvoir les déplacer ensuite. Au lieu de faire une stèle nominative, ils les enterraient et écrivaient leur identité sur un papier qu’ils protégeaient avec une bouteille en verre renversée sur la tombe.

 

Le centre d’Interprétation de Suippes

C.S. : Paula, en quoi consiste le centre d’interprétation de Suippes?

P.O. : Suippes est un site, où les visiteurs se mettent, grâce à de nouvelles technologies, dans la peau d’un personnage ordinaire de la Grande Guerre, pour connaître sa vie de tous les jours.

C.S.: Quelles technologies?

P.O. : La visite commençait par un court film présentant la vie des trois frères Papillon dont la correspondance avec la sœur a été retrouvée dans un grenier. Le film nous permit de connaître la vie quotidienne dans une famille. Les deux salles suivantes retraçaient la chronologie de la guerre. Nous sommes arrivés dans la salle qui reconstituait une tranchée.

C.S. : Que penses-tu de ces installations?

P.O. : Cela fonctionne très bien, et nous permet de partager cette expérience quotidienne de la guerre. Nous avons reçu les explications d’un très bon guide-historien qui a nous a posé beaucoup de questions. Nous sommes très fiers d’avoir pu répondre à quasiment toutes! Des vrais poilu(e)s!

P.O et C.S.

 

Hommage à Narcisse BRAQUEHAIS

Vers 18 heures, nous avons atteint, après quelques péripéties, la nécropole internationale d’Auberive. Fait surprenant, les habitantes interrogées par nos soins ne connaissaient pas la localisation de ce lieu. A croire qu’à force de voir des alignements de croix, les gens finissent par ne plus les voir. Le cimetière où se trouve la tombe du soldat était plus grand que celui d’Eugène FICHET et je l’ai trouvé magnifique. On a pu aussi observer un cimetière allemand juste à côté. Il était reconnaissable aux noms des soldats et à la forme des croix. Il n’y avait pas de drapeau allemand, à la différence des nécropoles françaises. Les tombes des soldats juifs portaient des étoiles de David et des petites pierres reposaient sur la tranche de la stèle.  Impressionnant de voir le nombre de tombes qu’il y avait dans un seul cimetière! Localiser la sépulture où se trouvait Narcisse BRAQUEHAIS n’a pas été difficile, car on avait le numéro de sa tombe. On s’est tous rassemblés autour de lui pour pouvoir lui présenter nos sincères mots de remerciements pour son sacrifice. Gustavo ZARAGOZA a lu avec conviction un hommage en espagnol au plus espagnol de nos poilus. Après cela, on a déposé un joli bouquet de fleurs au nom du Lycée Français de Valence, pour ensuite faire une minute de silence en signe de respect à sa mémoire. P.A.